Les carottes sont cuites. Le Canadien sera exclu des séries éliminatoires. Ses chances étaient strictement mathématiques. Au fond, tous savaient qu’il n’y parviendrait pas, incapable d’aligner une véritable série de victoires.
Les Bruins se sont chargés de lui donner le coup de grâce en lui infligeant trois revers en huit jours.
Il est évident que Marc Bergevin sera vendeur avant la fin des échanges, tard en février.
Mais sera-t-il assez audacieux pour faire un grand ménage dans son équipe, privée de grands talents, ou se contentera-t-il de dépoussiérer quelques meubles ? Il a si souvent bouché les trous avec des joueurs sans panache.
Cette équipe piétine depuis deux décennies.
Intouchables?
Y a-t-il des intouchables parmi ses joueurs?
S’il veut vraiment reconstruire cette équipe, il devrait accepter toute proposition qui lui permettrait de bien garnir sa banque de choix de repêchage. Cette avenue est la seule pour espérer gravir les échelons.
Mais cette fois, il n’aura pas droit à l’erreur dans sa sélection.
Cette saison, aucun de ses ouailles n’a suffisamment impressionné pour être assuré de porter le chandail bleu-blanc-rouge l’an prochain. Aucun. Bergevin a du pain sur la planche parce que son équipe est vraiment démunie à toutes les positions.
Pas de premier centre, faiblesse des ailiers qui n’aboutissent à rien, l’une des pires défensives du circuit et un gardien instable. Ce directeur gérant devra recoller les morceaux du pot qu’il a lui-même cassé. À Montréal, on aura rarement vu un directeur gérant saboter autant son équipe. Geoff Molson a une confiance illimitée envers Bergevin. Toutefois, de nombreux analystes et journalistes doutent publiquement qu’il soit l’homme de la situation.
Ses gaffes à répétition lui valent une très mauvaise note quant à ses attributs pour bâtir une équipe plus que respectable. Bergevin a littéralement rendu en ruine sa défensive et n’a jamais été capable d’attirer des joueurs très doués dans sa formation. Un autre casse-tête pour le directeur-gérant, peu de joueur vedette semblent vouloir venir jouer à Montréal. Les exemples pleuvent à ce chapitre. Ce type de joueur accepte de joindre le Canadien lorsque rendu sur la pente descendante.
Pour des joueurs moyens, il a aussi dégarni sa banque de choix de repêchage qui était déjà peu impressionnante. Il se retrouve donc devant un iceberg pour parvenir à ses fins.
Dorénavant, il ne pourra plus offrir des choix de repêchage dans ses échanges. Aussi, en ce moment, peu de ses troupiers ont une valeur à la hausse, ce qui le place dans une situation pas très favorable.
À l’attaque, seul Max Pacioretty peut rapporter de véritables dividendes dans une transaction, en raison de sa qualité de marqueur, au cours des dernières années.
Shea Weber et Carey Price sont des pièges pour les autres directeurs gérants en raison de la longueur de leur contrat et des millions qu’ils coûtent. D’autant que Weber est vraiment sur le déclin et que Price ne semble plus être le sauveur qu’il a déjà été.
Mais si ces deux joueurs sont en demande, Bergevin doit transiger pour des premiers choix, l’avenir de sa formation. Tous les autres joueurs ne rapporteraient que des choix de deuxième ou troisième ronde au repêchage. L’état-major devra avoir les yeux bien ouverts le 22 juin, lorsque viendra le temps de réclamer des joueurs juniors.
Ça hurle
Ça hurle dans les chaumières des partisans déçus devant la culbute de leur équipe favorite. Ils manifestent constamment leur déception et accusent collectivement Marc Bergevin d’avoir fait un travail de sape depuis qu’il est en poste.
Il a gaffé à maintes reprises dans cette reconstruction vulnérable chez les défenseurs en laissant partir un an trop tôt Andrei Markov, Alexis Emelin et en échangeant Mihail Sergachev en retour de Jonathan Drouin, qui jusqu’ici est une déception. Durant ce temps PK Subban est l’arrière le plus utilisé à Nashville par Peter Laviolette et le meilleur marqueur des Predateurs.
L’embauche des Alzner, pour 4,6 millions pour cinq ans, Benn, Schlemko, Morrow, est une catastrophe. Aucun de ses arrières ne pourrait faire partie du premier quatuor des défenseurs des autres équipes.
L’offensive ne fait peur à personne. Avant leurs cinq buts contre la Caroline, seuls Buffalo et Arizona, derniers au classement, avaient marqué moins de buts que le CH.
Le Canadien compte trop de petits joueurs dans ses rangs. Ils ne gagnent pas les batailles le long des rampes. Bergevin doit aussi combler cette déficience.
Les amateurs devront prendre leur mal en patience parce qu’il faudra plusieurs années pour rebâtir cette formation. Les hommes de hockey ont été trop patients et sont trop souvent tombés en amour avec quelques-uns de leurs joueurs.
C’est une attitude qui finit toujours par coûter cher.
Le Canadien a laissé passer plein d’occasions pour améliorer son équipe. Le plus dommageable reste le piètre repêchage qui a donné des joueurs sans grand talent, incapables de faire leur place dans ce vestiaire. Ce qui fait qu’il n’y a aucun surdoué dans cette organisation.
Devant la grande déception des supporteurs, le propriétaire Geoff Molson doit sûrement commencer à être sensible à leurs récriminations. Ils sont de plus en plus nombreux à divorcer de leur Canadien chéri.
Si Marc Bergevin ne décide pas de chambouler totalement cette équipe, le Canadien continuera à mariner dans les bas-fonds et il risque de devoir laisser sa place à un successeur.
Transformer son équipe est sa seule porte de sortie.