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samedi, octobre 12, 2024

Pas de récession douloureuse, mais une reprise douloureusement lente

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L’année 2023 a été marquée par des turbulences dans le secteur bancaire, des espoirs déçus d’une relance de l’économie par la réouverture en Chine et des améliorations marginales de l’inflation sous-jacente dans plusieurs pays. La réaction des économies a été contrastée. Malgré les hausses de taux plus agressives de la Réserve fédérale américaine, l’optimisme a gagné les marchés financiers quant à la possibilité d’un atterrissage en douceur réussi aux États-Unis. À l’inverse, l’économie chinoise s’embourbe et les différents défis auxquels elle est confrontée semblent difficiles à résoudre à court terme. Quant à la zone euro, qui avait commencé l’année avec optimisme, elle est désormais confrontée à la perspective d’une contraction imminente de son PIB réel.

Dans cet environnement complexe, un facteur constant continue d’influencer nos hypothèses : les taux d’intérêt élevés continueront d’avoir un effet restrictif sur l’économie mondiale. Cela vaut pour les États-Unis, où la réserve d’épargne excédentaire qui soutient les dépenses de consommation est presque épuisée. Si l’on ajoute à cela d’autres pressions telles que des taux d’intérêt réels élevés, la reprise du remboursement des prêts étudiants, le resserrement des conditions de crédit et le ralentissement des embauches, on ne peut pas encore parier trop fortement sur un scénario d’atterrissage en douceur. Nous maintenons notre scénario de base, à savoir une légère récession.

Au Canada et au Québec, le vent semble tourner rapidement. On entre dans la période où les effets du resserrement sont les plus importants, puisque le début du cycle de resserrement date maintenant de plus de 18 mois. La faiblesse de l’économie est indéniable, surtout si l’on considère l’accélération de la croissance démographique : le PIB réel par habitant s’inscrit à -2 % en variation annuelle, en date du deuxième trimestre. En parallèle, le taux de chômage est en hausse depuis le mois de mai, et compte tenu du relâchement des tensions sur le marché du travail, nous prévoyons de nouvelles augmentations.

Si l’on ajoute le frein persistant que constitue l’effet des renouvellements de prêts hypothécaires, nous prévoyons que le Canada entrera dans une légère récession au tournant de l’année. Cela signifie que les taux d’intérêt ne resteront pas élevés pour encore très longtemps. D’ici mars prochain, nous pensons que la Banque du Canada estimera que le processus de rééquilibrage de l’offre et de la demande est suffisamment enraciné pour justifier un certain assouplissement de la politique monétaire. Toutefois, l’objectif d’une inflation à 2 % ne sera probablement pas atteint avant la fin de l’année 2024, ce qui empêchera la Banque du Canada, comme la plupart des banques centrales, d’injecter des mesures de relance monétaire substantielles, comme ce fut le cas lors des précédents ralentissements.

Les coûts d’emprunt plus élevés et les inquiétudes persistantes concernant l’inflation limitant aussi la capacité de la politique budgétaire à soutenir l’économie, il n’y aura que peu d’éléments de relance pour propulser un rebond. Ainsi, bien que la prochaine récession ne sera pas excessivement douloureuse, nous devons tout de même nous attendre à ce que la reprise soit douloureusement lente.

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