Les reculs sont si marqués de projet de loi en projet de loi dans le Sunshine State qu’il est devenu impossible de penser à l’avenir sans avoir pour toile de fond les États-Unis des années 40 et 50.
Un projet de loi, adopté par la Chambre des représentants par 89 voix contre 25 et en attente d’un vote au Sénat, propose la présence d’aumôniers dans les écoles. « Nos écoles sont des zones de guerre et elles sont attaquées », affirme Kimberly Daniels, représentante démocrate de Jacksonville qui a défendu les projets sur la récitation de la prière dans les écoles. « Les véritables ennemis s’attaquent à nos enfants », a soutenu la représentante Daniels.
Il n’a pas été possible de savoir de quels ennemis il s’agissait et à quelle attaque l’élue faisait référence.
Certains promoteurs du projet de loi ont affirmé que les aumôniers seraient des conseillers en santé mentale, nous rapporte le Sun Sentinel.
Des amendements demandés pour protéger les enfants des abus ont été rejetés par la Chambre. Celle-ci a voté contre l’exigence que les aumôniers soient formés à la prévention du harcèlement et des agressions sexuelles, contre l’interdiction aux aumôniers de faire du prosélytisme auprès des étudiants, contre la création de comités de surveillance.
Même si tout cela va contre le principe de la séparation de l’Église et de l’État et souligne la domination du conservatisme religieux sur la libre pensée et le développement des enfants, la représentante Daniels a affirmé que la séparation de l’Église et de l’État n’était pas dans la constitution.
S’ajoute à ce tableau du conservatisme religieux dans les écoles, la peur du communisme telle qu’elle était vécue dans les années 50. En effet, deux projets de loi font de l’histoire du communisme et de ses atrocités une exigence du programme scolaire jusqu’en 12e année.
Tout cela n’est pas sans nous rappeler la croisade anticommuniste de Joseph McCarthy et ses dommages faits à la démocratie au début des années 50. Il y a deux ans, le gouverneur de Floride, Ron DeSantis, a signé une loi qui oblige les écoles à observer la « Journée des victimes du communisme » le 7 novembre de chaque année.
Les développements politiques de la Floride, et de certains autres États, ont conduit l’organisation Lawyers Defending American Democracy (https://ldad.org ) (LDAD) à produire un document nommé : En marche vers l’autocratie : comment les États échouent à la démocratie et ce que nous pouvons faire à ce sujet. Le document fait une analyse de plusieurs principes démocratiques fondamentaux qui sont actuellement menacés en Floride et ailleurs aux États-Unis. On peut y lire dès les premières lignes du rapport : « Les valeurs et les principes menacés sont bien plus profonds et sont bien plus importants que la politique, les divergences politiques et les intérêts personnels de tout homme politique. »
Ce qui détruit la démocratie nous détruit aussi. C’est ce que l’histoire n’a cessé de démontrer.