Logan Mailloux doit avoir la chienne du ripou. Il doit avoir la trouille qui le souille, le mouille à quelques jours de son immersion dans le grand bain de sa vie sportive professionnelle.
Septembre arrive déjà ce vendredi. Et ce n’est pas seulement la rentrée et la première dans les écoles pour les enfants nés à peine plus de cent ans après le début de la première guerre mondiale.
C’est le retour du hockey à Montréal. Une ville qui respire et dort mal quand ses joueurs n’arrivent plus à les faire danser jusqu’au grand bal.
Logan Mailloux n’a pas la chienne de se faire étamper ses bijoux dans la baie vitrée ! Il a la peur au bas du ventre d’arriver dans une ville où chacun de ses pas sera épié et suivi comme le premier pas de l’astronaute américain Neil Armstrong sur des poussières lunaires.
Par un historique 20 juillet 1969, deux mois après que le Canadien eut célébré une autre Coupe Stanley. Après avoir éliminé sur le rapide compte de quatre des pourtant étonnants Blues de St-Louis. Avec notamment les vaillants attaquants Jean Béliveau, Yvan Cournoyer, Henri Richard, Bobby Rousseau, Jacques Lemaire, John Ferguson et Claude Provost.
Avec à la ligne bleue, J-C, Lappy, Terry et le Sénateur.
Avec mon idole entre les poteaux : Rogatien Vachon, le gardien de Palmarolle, qui a fait que ma jeune carrière de journaliste au journal l’Artisan décolle.
Non. Logan Mailloux a la peur des regards.
De celles et de ceux qui lui tendront tous les traquenards.
Oui il a fait une faiblesse de jeunesse. Celui d’une génération où, d’un seul clic sans réfléchir, on publie une photo sur l’impitoyable toile, son sexe et ses fesses.
Qui n’a pas péché jette la première pierre ? Mailloux a fait une gaffe à dix-sept ans. Où une jeune femme a eu droit à des likes honteux, à tous les sarcasmes virtuels. Logan s’en est tellement voulu, qu’il a dit publiquement qu’il ne méritait pas qu’aucune équipe de la LNH ne le repêche.
Comble du malheur ou du bonheur, l’avenir nous le dira, l’incalculable Marc Bergevin l’a tout de même sélectionné après avoir eu le feu vert de son insouciant président, Geoff Molson. Aujourd’hui, je pense que Mailloux arrive au camp de la peur dans le meilleur groupe. Il se retrouvera dans un vestiaire avec des jeunes défenseurs doués qui ont presque tous son âge. Qui ont tout à prouver et à gagner.
C’est à Kent Hugues de parler au jeune Logan comme un père.
C’est à Martin St-Louis de le réconforter et de le guider comme un grand frère sur le droit chemin. À lui accorder une deuxième chance qu’il a droit.
Comme à tous ceux qui par une mauvaise nuit, se sont mis les mains et les pieds dans un imprévu remous. À se perdre, à couler jusqu’au cou !