Depuis la dernière tempête médiatique soufflée par le soutien de Carey Price pour ses amis chausseurs, il y a un mot qui est sorti comme un fusil à répétition du dictionnaire Larousse : bulle. La bulle.
Ce mot résume bien l’état d’esprit de nos sportifs millionnaires.
La bulle peut avoir des effets positifs lors d’un match. Parce que le joueur s’enferme dans son plan de match, dans sa concentration et dans sa vision pour mieux se préparer à découdre le chandail de ses adversaires.
Mais le souci est que les athlètes de nos jours restent toujours dans leur bulle aussi à l’extérieur de la patinoire et du vestiaire.
Avec la venue des réseaux sociaux, nos millionnaires à patins, avec un ballon de soccer, de basketball ou de football, vivent de moins en moins avec le vrai monde. Avec celles et ceux qui suent au quotidien pour rencontrer leurs obligations à la fin du mois.
Comme nos millionnaires peuvent tous se payer une maison protégée des regards et des cellulaires voyeurs, ils ne savent pas ou oublient carrément ce qui se passe ailleurs dans le monde ordinaire.
Et quand ils sortent en famille ou avec leurs amis (es), ils le font avec une garde protégée. Comme s’ils étaient Harry et Megan, le couple prêt à faire sauter Buckingham.
Et tout ça donne parfois un écart de conduite comme celui de Price. Qui fut coup de canon où France et Chantal se firent poudrer le visage dans leur bureau de la communication au Centre Bell.
Price n’a pas pensé avant de parler. Il n’a pas regardé les dates du calendrier de sa sortie du buisson parce que comme devant son filet quand il jouait, il était dans sa bulle.
Price n’a pas pensé que quarante-huit heures avant sa déclaration pour s’opposer à la loi C-21 du contrôle des armes à feux, c’était le 6 décembre, jour de la tragédie de l’école de la polytechnique à Montréal.
Et comme la majorité des jeunes joueurs actuels du club du coach St-Louis, le numéro 31 ne savait pas qu’il y a trente-trois ans (6 décembre 1989), un monstre misogyne avait tué quatorze jeunes femmes qui avaient des fabuleux projets de carrière et d’amour en tête.
Pour avoir côtoyé, voyagé et célébré avec des joueurs du Canadien d’une autre génération, à l’exception de trois ou quatre, tous les autres avaient une scolarité limitée, avec des leçons d’histoires dont ils avaient laissé les livres camouflés sous leurs bas de hockey dans leur casier.
De nos jours, les athlètes ont ordre de ne plus parler. On leur fait vite comprendre d’oublier de parler de politique, de religion et de faits d’actualités.
Et ça donne ce que ça donne maintenant : des conférences de presse avec des perroquets qui répètent les mêmes phrases banales du genre : on a fait de notre mieux… la puck ne roulait pas pour nous autres, la saison est longue… bref des stéréotypes à vous faire zapper de poste de télévision.
Et quand un gars comme Price fait l’erreur de sortir de sa bulle, ça donne le même mauvais résultat que lorsqu’il cafouillait (ce qui était rare) en sortant de son filet :
il scorait dans son goal.
Et tout le peuple, lui, a sorti son cellulaire pour le défendre ou pour le planter.
Moi, je préfère boire des bulles. Et vous ?