Après sa présentation au Salon Desjardins en Floride en mars dernier, monsieur Rafael Jacob, analyste de politique américaine bien connu au Québec, a accepté de s’entretenir avec Le Soleil de la Floride.
Économie à l’égard des élections présidentielles 2024
« Historiquement, l’économie aux États-Unis constitue un facteur déterminant, tout au moins majeur, dans le choix électoral des Américains et particulièrement lors des élections présidentielles », déclare monsieur Jacob. « En 2024, on se trouve dans un contexte économique très particulier où l’on a un problème d’inflation qui est persistant et qui n’a pas été vu depuis 40 ans. En même temps, pour lutter contre cette inflation, il y a eu la politique de resserrement monétaire ». La Réserve fédérale menace effectivement de plonger l’économie en récession. « Ce n’est pas le cas pour l’instant, mais c’est le jeu d’équilibriste qui n’est pas évident à jouer pour l’administration de monsieur Biden. » Selon Rafael Jacob, si l’on souhaite que les prix à la consommation fléchissent davantage, il est simultanément souhaité que « les taux d’intérêt baissent à nouveau le plus rapidement possible pour améliorer la croissance du pays et surtout éviter de tomber en récession, ce qui pourrait être vraiment fatal dans une année électorale. »
Par rapport à l’économie Floride ?
« Parce que le marché immobilier en Floride a connu une effervescence sans égale ailleurs aux États-Unis depuis les quatre dernières années, il y a énormément de points d’interrogation à savoir si le marché va tenir et à quel point les taux d’intérêt pré-élevés vont commencer à mordre », soulève monsieur Jabob. L’on se souvient de la crise immobilière en 2008 où la Floride a été la plus durement touchée. Pourrait-on s’attendre à quelque chose de semblable ? « Pour l’instant, ça ne semble pas être le cas, mais il s’agit d’une question encore plus sensible dans un contexte floridien. Deuxièmement, le taux de chômage est encore plus faible en Floride qu’à la grandeur du pays. L’économie semble aller encore mieux comparativement à la moyenne des États et en même temps, d’un point de vue historique, c’est une économie qui dépend notamment du tourisme. En temps récession, le taux de chômage peut monter de façon beaucoup plus appréciable que dans d’autres coins du pays ».
Même si l’économie de Floride va mieux dans les dernières années en comparaison au reste des É.-U., « elle peut potentiellement être fragile si l’ensemble du pays tombe dans une crise », ajoute monsieur Jacob.
Quant aux propriétaires canadiens en Floride ?
L’analyste raconte que le marché floridien a été extrêmement attirant dans les dernières années et les investissements sont, et continueront d’être payants à plus long terme, « avec un seul bémol potentiel. Non pas en raison du coût de l’immobilier mais en raison de tout ce qui s’y rattache ». Surtout la question des assurances : « Le gouverneur DeSantis, dans sa campagne de réélection en 2022, a beaucoup chancelé sur ce dossier, comme quoi il s’agit d’une priorité, mais il ne s’agit pas d’un dossier qui se règle en claquant des doigts. »
Mot de la fin sur la politique floridienne
« Dans les dernières années, on a énormément parlé de la politique en Floride, en partie à cause du gouverneur. En même temps, ce qui est frappant quand on y va, les gens ne parlent pas tant de politique », indique monsieur Jacob. « Autrement dit, pour les avides d’actualité en Floride, il peut y avoir une forme de choc en remarquant que dans le commun des mortels, comme dans tous les États américains, ils ne sont pas tant politisés. La dynamique politique ne devrait donc pas dicter si vous allez passer du temps en Floride ou non. »
