Un plan gigantesque de plus d’un mile de long en plein cœur de Miami a été soumis pour validation au comté de Miami-Dade par le promoteur immobilier Swerdlow. 2,6 milliards de dollars d’investissement sur 26 hectares, le projet démesuré permettrait de construire 5 000 appartements à loyer modéré dans les quartiers défavorisés de Little Haiti et de Little River.
Des logements vraiment abordables ?
C’est la promesse que fait le promoteur au comté de Miami-Dade qui avait lancé un appel d’offres dans ce sens. Un des critères les plus importants pour la ville est que le promoteur qui sera choisi doit reconstruire et reloger à bas prix les habitants de deux tours vieillissantes : Victory Homes de 148 habitations, et New Haven Gardens de 82 appartements. L’objectif est clair : personne ne doit être dans l’obligation de quitter son quartier.
La politique de la ville
L’inflation immobilière et le manque de logements publics disponibles, couplés au délabrement de certains quartiers, font craindre aux citoyens des classes moyenne et ouvrière de Miami et aux dirigeants de la ville l’appétit des promoteurs immobiliers, pour lesquels la réhabilitation d’un quartier rime souvent avec sa gentrification. Ainsi, le projet de Magic City Innovation District est la cible d’attaques, car le véritable petit centre-ville, constitué de hauts immeubles chics en plein cœur de Little Haïti, ne contient aucun logement à prix abordable.
À en croire Swerdlow, ce ne sera pas le cas de son projet : il le confirme à Andres Viglucci du Miami Herald dans un article publié le 11 février 2024 : « Mes projets ne sont que des trucs de classe-moyenne et abordables. Il n’y aura pas de gentrification ».
Quelques détails qui donnent le tournis
Le plan inclut 1 400 logements publics réservés exclusivement aux loyers bas et très bas. Les habitants actuels seront relogés dans les nouveaux appartements aux mêmes coûts que ceux qu’ils payent actuellement, et ce pour une durée indéterminée. En parallèle, le plan est de construire 3 500 appartements supplémentaires destinés aux familles actives de Miami, issues de la classe moyenne et ayant des revenus annuels inferieurs à 90 000 dollars par an. La condition de revenus modérés (à la location ou à l’achat) sera en vigueur pendant 30 ans. Swerdlow s’engage aussi à ce que les immeubles soient modernes avec toutes les commodités des constructions de standing : gym, espaces verts publics, piscines, et des finitions de bonne qualité.
Une station de train
Le promoteur immobilier ambitieux propose aussi la construction d’une gare Tri-Rail qui se situerait entre la station Hialeah’s Market et celle de Miami Central, et qui permettrait d’irriguer tout le nouveau quartier. Afin de financer ce projet stratégique de mobilité urbaine, la nouvelle zone devra bénéficier d’un statut d’imposition spécial afin que les taxes sur la propriété, payées par le groupe Swerdlow pendant la phase de construction, soient utilisées pour financer l’installation de nouvelles infrastructures, telles que les arrivées d’eau et les canalisations d’égoût, les câbles électriques, les nouvelles routes, et bien sûr la nouvelle gare Tri-Rail. Le directeur de la maison-mère de Tri-Rail, David Dech, déclare : « D’après ce que je vois, ça a l’air d’être un endroit idéal pour une nouvelle gare ». Soulignons que Swerdlow est le seul promoteur immobilier à avoir relevé le défi de la ville et à avoir répondu à l’appel d’offre. Si ce projet est approuvé, il faudrait huit ans au constructeur pour le finaliser, et il représenterait l’un des plus gros chantiers jamais réalisés à Miami.