Les États-Unis traversent une période de confusion économique sans précédent marquée par une incertitude croissante face à des décisions politiques instables. Le conflit concernant l’imposition de divers tarifs crée une tension grandissante dans le monde des affaires et la population en général. Mais qu’en est-il plus spécifiquement pour les entreprises canadiennes établies ou en voie de s’implanter en Floride ?
Pour faire le point, Le Soleil de la Floride (LS) s’est entretenu avec Louis Olivier Guay (LOG), associé en fiscalité chez Kaufman Rossin et président de la Chambre de Commerce Canada-Floride (CCCF).
LS : Il est évident que les gens d’affaires devront adapter leurs stratégies pour naviguer dans ce contexte difficile à qualifier. Quelle est votre interprétation de cette situation par rapport aux entreprises canadiennes en Floride ?
LOG : Les grandes entreprises canadiennes qui exportent des biens vers les États-Unis sont clairement les plus affectées par les tarifs et nous font part de leurs préoccupations quant au futur. Le profil de nos membres est toutefois davantage en rapport avec des petites et moyennes entreprises et dans le contexte actuel, je peux dire que les entrepreneurs qui désirent s’installer en Floride, et ceux qui avaient déjà débuté leur projet d’implantation, n’ont pas ralenti. Spécifiquement ceux qui ont l’intention de venir avec un visa d’investisseur.
LS : Il doit tout de même y avoir de l’inquiétude auprès de ces gens d’affaires ?
LOG : Il y a une certaine nervosité, mais la vision des investisseurs dépasse le présent. C’est vrai que la CCCF travaille ces temps-ci avec des membres dont les projets sont plus spécifiquement des entreprises de service. Le climat n’est présentement pas propice à l’action pour celles qui importent des biens physiques.
LS : Justement, qu’en est-il pour ces entreprises qui nécessitent d’importer des produits ?
LOG : Je dirais qu’elles sont en mode « solution » pour mitiger l’impact de ces tarifs dérangeants qui ne sont pas clairs et qui changent de jour en jour. J’ai discuté avec des entrepreneurs qui avouaient avoir bâti un inventaire en sol américain avant la mise en vigueur des tarifs. D’autres, qui travaillent avec des produits tangibles, sont en train de revoir leurs stratégies d’approvisionnement, d’assemblage et de fabrication. Est-ce qu’elles doivent penser à produire localement aux États-Unis ou à ouvrir un centre d’entreposage ? C’est certain que les gens tenteront de contourner ces coûts.
Louis Olivier Guay explique aussi qu’il est tôt dans le processus et que de nombreuses entreprises sont en attente. Il réitère que la CCCF entretient de très bonnes relations avec la communauté locale ainsi qu’avec les organisations d’affaires gouvernementales et que, pour le moment, il est préférable de demeurer dans la neutralité au niveau local, les gens ayant des opinions diverses.
Il souligne : « Il serait naïf de penser qu’il n’y aura pas de baisse de visiteurs canadiens pour la prochaine année, et les membres miseront davantage sur les activités du réseau de la CCCF. On reste à l’écart de la politique et on se penche sur les relations et le soutien aux membres professionnels et aux expatriés, selon leur modèle d’affaires. »