Une étude de l’Université de Miami publiée en décembre 2024 sur le fait qu’une trentaine d’immeubles entre Miami Beach et Sunny Isles Beach subissaient un affaissement de leurs fondations avait fait grand bruit.
Retour sur l’étude alarmiste de décembre 2024
Pourtant un affaissement n’équivaut pas systématiquement à un affaiblissement de la solidité structurelle des bâtiments, comme le soulignent nombre d’architectes tels que M. Karp, de Kobi Karp Architecture & Interior Design. Il explique qu’il y a au moins six inspecteurs pour chaque tour d’habitation qui veillent à sa sécurité et s’assurent que le bâtiment est bien installé sur le terrain sur lequel il est construit. Il se dit confiant qu’aucune de ces tours n’est en danger de solidité structurelle.
Esber Andiroglu, l’un des 12 co-auteurs de l’étude, répond que l’un des objectifs de celle-ci était d’informer les architectes et les ingénieurs de l’affaissement : « Il ne s’agit pas tant de la sécurité des occupants que de la préservation des ressources et de limiter les réparations coûteuses en faveur de dépenses d’entretien plus faciles à gérer ».
Andiroglu souligne aussi que l’affaissement des sols est un processus naturel et prévisible : « Nous concevons nos projets en gardant cela à l’esprit et il existe des facteurs de sécurité et des mesures correctives qui tiennent compte de tout cela ». De quoi rassurer les habitants.
Observation par satellite
L’autre objectif de l’étude était de présenter au grand public la technologie utilisée par les scientifiques : ils ont placé des radars sur des éléments fixes des immeubles tels que des balcons, des climatiseurs sur les toits, des promenades, et les ont reliés à des satellites afin d’observer leur évolution entre 2016 et 2023. Les satellites peuvent évaluer l’évolution au millimètre près de l’évolution des bâtiments, ce qui a permis aux chercheurs de quantifier l’affaissement.
Capteurs de surveillance
Plusieurs sociétés ont développé des systèmes de capteurs de surveillance (monitoring sensors) permettant de traquer l’évolution structurelle des immeubles. Lisa Gardner est la présidente de l’association du condominium Marenas Beach Resort de Sunny Isles Beach, un des immeubles concernés par l’étude de l’Université de Miami. Elle explique : « Nous avons mis en place un système de surveillance et [nous savons que] notre structure n’a pas bougé. Nous disposons de données en temps réel ». Le bureau de l’association a dépensé 20 000 $ en juin 2024 pour installer des capteurs de surveillance sans fil lorsque la construction du St-Regis – qui sera deux fois plus haut que le Marenas – a commencé à côté.
Plusieurs sociétés proposent de tels capteurs, par exemple SmartCore qui propose également un service de maintenance et d’accès aux données permettant d’alerter en cas de danger ou de forte variation.
Les capteurs peuvent mesurer les vibrations mais aussi l’inclinaison, et bien sûr l’affaissement qui peut être inégal en différents points du bâtiment. L’objectif est d’identifier les faiblesses et d’y remédier avant que des fissures ou failles n’apparaissent à l’œil nu, et ainsi de réduire les dépenses pour les propriétaires.
L’assurance qu’un immeuble est stable structurellement peut également permettre à l’association de négocier à la baisse les polices d’assurance.
La skyline de Miami est la troisième plus haute des États-Unis derrière New York et Chicago, et rien n’indique un ralentissement des constructions de gratte-ciels, au contraire : prévu pour 2028, le Waldorf Astoria de 1 000 pieds de haut, classé dans la catégorie des supertall skyscrapers, fera de l’ombre à la tour Panorama de 85 étages, actuellement la plus haute de Miami-Dade.