Afin de combler le besoin de main-d’œuvre de l’État, le gouverneur Ron DeSantis soutient un projet législatif qui propose de changer la loi sur le travail des enfants en Floride en abolissant plusieurs protections, rapporte CNN.
La répression sur l’immigration légale et illégale aux États-Unis a conduit à aggraver la pénurie de travailleurs en Floride, que les écoliers pourraient contribuer à résoudre, souligne le gouverneur du Sunshine State.
Plus de 27 % de la main-d’œuvre de la Floride est née à l’étranger, selon les données du Bureau du recensement des États-Unis, et 60 % de la main-d’œuvre agricole est sans papiers, selon l’Association des travailleurs agricoles de la Floride.
Un projet de loi a été présenté au Sénat de la Floride pour supprimer plusieurs protections accordées aux enfants qui travaillent dans différentes industries, telles que l’agriculture à titre d’exemple.
« Quel mal y a-t-il à s’attendre à ce que nos jeunes travaillent à temps partiel aujourd’hui ? », a déclaré le gouverneur.
Les opposants ont cependant fait remarquer qu’il n’y a rien qui ressemble au travail à temps partiel dans la proposition législative.
Le projet de loi autorise des heures de travail illimitées sans interruption et sans pause-repas, de nuit, pour les jeunes de 14-15 ans, scolarisés à domicile ou en ligne. Il permettra aux employeurs d’exiger des jeunes travailleurs de 16-17 ans qu’ils travaillent pendant plus de six jours consécutifs, rapporte The Guardian. Les législateurs de l’État envisagent de supprimer toutes les limitations sur les heures et la durée du travail pour les jeunes de 16-17 ans. Le sénateur républicain de Tampa, Jay Collins, parraine ce projet législatif.
Le nombre de violations du droit du travail des enfants de la Floride a triplé de 2019 à 2021, selon les statistiques du Département du travail des États-Unis. Ce projet de loi « tente essentiellement de légaliser les violations déjà commises par les employeurs », souligne Nina Mast, analyste à l’Economic Policy Institute.
Les adolescents les plus pauvres, issus des milieux défavorisés, subiront ces pertes de protections juridiques. Le besoin d’argent l’emportera sur le besoin de scolarisation. Ces jeunes fourniront ainsi, sur une longue période de leur vie, une main-d’œuvre bon marché aux employeurs sans scrupules. L’expert en droit du travail Alexis Tsoukalas insiste pour dire que les adolescents qui travaillent plus de 20 heures par semaine sont plus à risque d’abandonner leurs études, surtout s’ils travaillent de nuit toute la semaine.
Il faut ajouter à cette infamie un projet de loi qui propose diverses stratégies pour permettre aux employeurs de contourner l’obligation de payer le salaire minimum aux jeunes employés. Voir Le Soleil de la Floride, avril 2025.
Bref, il s’agit d’emmener les enfants et adolescents pauvres au travail après avoir supprimé plusieurs protections (la pause-repas obligatoire, le travail de nuit) et de permettre aux employeurs de ne pas leur donner le salaire minimum par le biais d’une nouvelle loi qui autoriserait de nouveaux types de contrats de travail (apprentissage, stage et autre).