Une attaque sans précédent du gouverneur de la Floride contre Disney ébranle présentement l’actualité du Sunshine State.
Depuis que l’entreprise privée Walt Disney World Resort a pris position contre le projet de loi Ne dites pas Gay, le gouverneur Ron DeSantis est sans pitié pour le méga complexe de loisirs dont l’impact économique dans le Centre de la Floride est estimé à 75,2 milliards de dollars.
Disney est le plus grand employeur privé de l’État, ayant presque 80 000 employés sous sa gouverne.
En avril dernier, le gouverneur et les législateurs républicains de la Floride ont révoqué, sans étude économique préalable, le statut fiscal spécial de Disney qui lui permettait de gérer lui-même son complexe de parcs et d’hôtels. On ignorait jusqu’à maintenant le plan du gouverneur sur la suite qu’il donnerait à cette révocation. Ce dernier a déclaré à Sanford, le 16 mai, que l’État reprendra probablement le contrôle du district spécial de Disney.
Contexte historique
Depuis 1967, l’entreprise pouvait fonctionner selon le modèle d’un gouvernement municipal sur ses 25 000 acres nommées Reedy Creek Improvement District. Disney prenait ses propres décisions sur ce qu’il allait construire et établissait son propre code de construction, construisait ses routes, gérait ses usines de traitement des eaux, produisait une partie de son électricité, exploitait son service d’incendie et prélevait les taxes pour offrir des services publics. Ces pouvoirs spéciaux ont grandement contribué à son essor.
Pourquoi cette guerre
La prise de position par Disney contre le projet de loi promu par le gouverneur de Floride interdisant l’enseignement et la discussion en classe de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre, connu sous le nom Ne dites pas gay , a offusqué le gouverneur. C’est en représailles que les républicains de la Floride, dirigés par De Santis, ont élaboré une loi qui supprimera l’autonomie de Disney. La dissolution imminente du district fiscal spécial de Reedy Creek, prévue pour juin 2023, pourrait obliger deux comtés de Floride à payer une dette annuelle supplémentaire de plusieurs millions.
Walt Disney Co. et ses filiales ont donné plus de 20 millions de dollars en contributions politiques aux républicains et aux démocrates pour les élections de 2020. La même année, l’entreprise Disney a versé 10,5 millions de dollars au comité qui soutenait le candidat républicain à la présidence. Disney a également donné près d’un million de dollars au parti républicain de Floride et 50 000$ directement à DeSantis, affirme The Guardian.
Sous la pression de ses employés, Disney a annoncé, en réponse à la loi Ne dites pas gay, qu’elle suspendait les contributions politiques dans l’État et qu’elle soutiendrait les organisations qui s’y opposent.
Paul Krugmann écrit dans le New-York Times que les attaques des républicains contre Disney, « reflètent une brusque dérive vers l’intolérance ». Il ajoute que ce que nous voyons n’a rien à voir avec la politique. « Ce que nous voyons à la place, ce sont des symptômes de la transformation du GOP partant d’un parti politique normal en un mouvement radical construit autour des théories du complot et de l’intimidation. »
La question dépasse le cas de Disney. Ce sont les fondements mêmes de la démocratie qui sont broyés.