Des dizaines de milliers de snowbirds et de Floridiens propriétaires recevront cet automne une offre d’assurance habitation qu’ils pourraient être obligés d’accepter, sans quoi il n’auront plus de couverture. Ce que vivent ces résidents temporaires est sans précédent. La crise des assurances, due aux changements climatiques, est loin d’être terminée.
Le commissaire aux assurances, Michael Yaworsky, a signé au début d’octobre une ordonnance donnant le feu vert à six assureurs privés de proposer des offres aux clients de Citizens. Rappelons que Citizens Property Insurance Corp. a été créée en 2002 par l’État de Floride pour les propriétaires qui ne pouvaient pas obtenir une assurance ailleurs. Citizens est rapidement devenu le plus grand assureur de l’État.
Cet effort pour déplacer un grand nombre d’assurés de Citizens vers des assureurs privés s’appelle : le dépeuplement. Ainsi, ce sont 386 000 polices de Citizens qui pourront être assumées par le secteur privé dès le 19 décembre.
Le PDG de Citizens, Tim Cerio, affirmait que « la dépopulation est d’une importance cruciale […] pour la santé du marché. ». Les nombreuses faillites dans le secteur privé des assurances habitation, ainsi que des primes à un coût inférieur, ont eu pour effet de concentrer chez l’assureur de dernier recours Citizens, plus de 1,4 million de clients.
C’est en raison de cette croissance fulgurante et des risques impliqués que les législateurs ont adopté une mesure, en décembre dernier, qui oblige les clients de Citizens à accepter les offres de couvertures des assureurs privés. Si la prime de l’assureur privé n’excède pas les 20 % du coût pour une protection comparable, les assurés sont obligés de l’accepter.
Le marché a été fortement ébranlé l’année dernière lorsque six assureurs sont devenus insolvables et que d’autres ont annulé toutes les polices en vigueur en Floride et ont quitté l’État.
Outre le marché, c’est la vie de millions d’assurés qui a été bouleversée. Un exemple parmi d’autres, Andrea, une résidente du comté de Pinellas, a révélé au journal The Guardian; « Ma prime d’assurance est passée de 750 $ à 4 678 $ de 1999 à 2023. » Face à ce coût élevé, elle a souscrit une assurance auprès de Citizens et sa prime a fondu à 2 200 $. Elle prévoit quitter la Floride lorsque sa prime atteindra 3 000 $, probablement d’ici deux ou trois ans.
Un autre témoignage donne froid dans le dos. À la retraite, Ian Brown est parti vivre à Vero Beach. Auparavant assuré chez Citizens, il a dû prendre un assureur privé compte tenu du changement des règles d’éligibilité. Après que M. Brown ait trouvé un autre assureur, cette compagnie a ensuite augmenté ses prix de 40 % pour finalement faire faillite en pleine saison des ouragans.
Phil Goddard, 64 ans, traducteur vivant à Pensacola, avait un mot pour le gouverneur :
« au lieu d’interdire les livres et de provoquer des bagarres avec Disney et les drag queens, vous devriez vous attaquer aux problèmes qui comptent vraiment pour les Floridiens ».