Pour la deuxième fois depuis le début de l’année, une fusée Starship, de l’entreprise SpaceX d’Elon Musk, a explosé en plein vol. Dans la nuit du jeudi 6 mars, on pouvait apercevoir dans le ciel de la Floride une pluie d’étoiles filantes qui semblait tomber vers le sol, comme un saule pleureur étincelant. En réalité, il s’agissait des débris d’une énorme fusée Starship qui a explosé peu après son décollage à 18h30 EST de la base Boca Chica au Texas.
Ce vol était le huitième vol d’essai de ce modèle de fusée qui n’est pas encore en fonction et qui n’est visiblement pas encore au point. La communication a été interrompue dix minutes seulement après le décollage. Les débris sont retombés en pluie de métal en feu au-dessus de l’océan Atlantique, le long de la côte est de la Floride du Sud.
En conséquence, de nombreux vols ont été suspendus et les aéroports de Miami, Fort Lauderdale-Hollywood et Palm Beach ont interrompu toutes leurs opérations pendant plus d’une heure. Le South Florida Sun Sentinel a reçu des vidéos d’observateurs prises à Delray Beach et près de la plage de Fort Lauderdale montrant des traînées ardentes et étincelantes qui tombent, ressemblant à des météores et à des feux d’artifice. Dans d’autres vidéos, on peut voir un cercle d’étincelles blanches tourbillonnant dans l’air ou encore une douzaine de traînées enflammées descendant vers l’océan près du B Ocean Resort Fort Lauderdale Beach.
Starship : les enjeux
L’énorme fusée Starship est un monstre d’acier : destinée à transporter des équipements et des hommes jusqu’à la Lune et Mars, la fusée de 123 mètres de haut – la plus grande du monde – est la bénéficiaire de juteux contrats avec la NASA et doit transporter l’équipage de la fameuse mission Artémis III sur la Lune, alors même qu’elle n’est pas encore en fonction. Tout retard dans la mise au point de Starship entraîne des retards pour la mission Artémis.
FAA et DOGE : des intérêts croisés
Une enquête de la FAA (Federal Aviation Administration) pour déterminer les causes de l’explosion de la précédente fusée Starship, survenue le 16 janvier dernier, était pourtant en cours. Or, la procédure normale consiste à suspendre tout décollage jusqu’à ce que l’enquête menée par la FAA ait abouti et fourni ses conclusions.
Pourtant, le 1er mars 2025, la FAA – dont les effectifs ont subi des coupes franches commanditées par l’équipe DOGE (Department of Government Efficiency) d’Elon Musk – a estimé que SpaceX avait suffisamment remédié aux défauts de sa fusée et a donné le feu vert à l’entreprise du milliardaire sud-africain pour lancer ce 8e vol d’essai avant même d’attendre les résultats finaux de l’enquête.
On peut constater avec inquiétude, d’une part, l’ingérence d’Elon Musk dans les affaires de l’agence fédérale, mais aussi à quel point il est dangereux de ne pas respecter les procédures qui assurent la sécurité des citoyens américains face à de telles explosions. Rappelons que les débris auraient pu retomber sur des zones d’habitation. Lors du 7e vol d’essai de la fusée, qui a explosé en janvier 2025 depuis le Texas, les débris étaient tombés sur les îles Turks-et-Caïcos.
La méthode essai et erreur (trial and error) de SpaceX est à l’opposé de l’approche « Gradatim Ferociter » (step by step ferociously ou pas à pas avec férocité) de Blue Origin, l’entreprise de Jeff Bezos, qui est partie, elle aussi, à la conquête de l’espace, mais de façon plus mesurée et prudente.
