« Float like a butterfly, sting like a bee » (« Flotte comme un papillon, et pique comme une abeille »). La fameuse phrase de Mohamed Ali illustre bien la légèreté et la force qui peuvent sembler contradictoires, mais qui sont pourtant complémentaires dans la boxe.
Frapper et danser
C’est ce qu’a voulu illustrer Arden Sherman, la curatrice de l’exposition intitulée « Strike Fast, Dance Lightly : Artists on Boxing » (« Frappe vite, danse légèrement : la boxe vue par les artistes »), qui est actuellement présentée au magnifique musée d’art Norton de West Palm Beach jusqu’au 9 mars prochain. Interrogée par Joseph Treaster du New York Times, elle explique : « Le sujet de l’exposition n’est pas vraiment la boxe, mais plutôt la vie, la lutte quotidienne, la santé, l’argent, la survie ».
Ce n’est donc pas la violence qui est mise en avant, mais bien la beauté, les couleurs, les formes, dans une allégorie de la vie elle-même qui serait, selon Sherman, une succession de coups de poings et d’esquives : « Vous êtes constamment en train d’agir sans comprendre ce que vous faites. Round après round après round. À la fin, avant de tomber, vous réalisez que votre adversaire, c’est vous-même. La personne la plus critique, c’est vous ».
Des artistes majeurs
Organisée en collaboration avec deux autres institutions new-yorkaises, l’exposition présente des œuvres d’artistes américains mais aussi d’artistes venant d’Europe, d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, s’étalant de la fin du 19ème siècle jusqu’à 2024.
Entre autres, des tableaux de George Bellows et Edward Hopper y sont exposés, ainsi qu’un canevas imprimé d’un point levé vers le ciel de Roy Lichtenstein, quatre dessins réalisés par Mohamed Ali lui-même, et un portrait du boxeur célèbre par Andy Warhol.
Une portée cathartique
Sherman estime aussi que la boxe peut être vue comme une métaphore des élections présidentielles américaines qui viennent d’avoir lieu. Perçues comme un sport de contact, deux adversaires aux couleurs différentes, rouge et bleu, s’y affrontent à grands coups de rhétorique violente.
Le boxeur allongé
Dans un tableau magnifique, tout en longueur, de Caleb Hahne Quintana, un boxeur immobile, allongé sur le sol, nous interroge : est-il mort, est-il évanoui ? Est-il tombé par KO, célèbre-t-il sa victoire ? Presque calme, sans une goutte de sang ni l’ombre de violence, ce portrait interpelle Ghislain d’Humières, CEO du musée Norton, et lui rappelle celui du « Toréador mort » de Manet peint en 1864.
Le musée Norton
Situé à environ 70 miles (112 km) au nord de Miami, un bâtiment moderne abrite le musée Norton et présente des collections permanentes de grande qualité, comprenant des œuvres de peintres américains du 18ème, 19ème, et 20ème siècles, ainsi que des tableaux des impressionnistes européens tels que Monet, Gauguin, Chagall, Picasso, Matisse, et des sculptures de Brancusi.
À découvrir également : l’aile dédiée à l’art chinois qui retrace son évolution sur plus de 5 000 ans et présente une collection impressionnante de vases, de gongs en bronze, de bijoux et de meubles d’une grande finesse.
Avec ses expositions temporaires de qualité et ses collections permanentes riches, le musée Norton s’impose comme une destination inévitable dans le paysage culturel de la Floride du Sud.