C’est samedi le 24 avril dernier.
Il est 20 heures.
Je regarde une partie animale entre mes Dodgers de Los Angeles et les Padres de San Diego. La série est passionnante par cette nouvelle saison 2021. Avec les Giants de San Francisco, les Dodgers se sont trouvés un deuxième ennemi sur la Côte ouest. Un ennemi mené par la nouvelle star offensive du baseball majeur, Fernando Tatis Jr. Qui claqua cinq circuits en quatre parties au Ravine Chavez le week-end passé.
Il est 20 heures, dis-je.
Et Réjean Tremblay publie soudainement sur sa page Facebook, une photo d’un quai à Sarasota avec un coucher de soleil comme seul le Sunshine State en dessine au quotidien sur la Côte ouest.
Réjean écrit au-dessus de la photo : après une dure journée de travail, j’ai une pensée pour Gilles Lupien.
Je vois venir le pire et j’écris à Réjean: que se passe-t-il avec Lupy ?
Le téléphone sonne dix minutes plus tard, Réjean m’explique, la voix éraillée : Gilles a un cancer du gros intestin. Les métastases ont envahi la région, il ne finira pas l’année. Il lui reste à peine six mois à vivre.
Je raccroche, je suis sonné.
Même si j’ai eu un jour un incident avec celui que je surnomme affectueusement « Le Grand », Lupy a toujours eu une place spéciale dans mon coeur.
Les souvenirs me remontent en mémoire. Comme une douce brise printanière après un dur hiver au Québec.
Quand j’étais jeune journaliste, dans le vestiaire du Canadien en mai 1979, le grand numéro 24 m’avait offert la première primeur de ma verte carrière chez le Tricolore : Jacques Lemaire quittera le Canadien pour aller diriger un club de hockey en Suisse. Lemaire venait de le confier à Lupien et il me livra cette étonnante nouvelle alors que l’équipe célébrait sa dernière Coupe du Canadien Glorieux des années 70.
Lupien devient vite un allié, un confident, un ami. Quelques semaines plus tard, dans un bar cossu de Ville d’Anjou, le Marie-Marcel, je lui présentai la jolie Maureen, une mannequin avec des formes et avec surtout un bon fond. Le bagarreur du CH tomba KO sous le charme et il l’épousa.
Gilles Lupien a passé sa vie à donner et à protéger son entourage : sur toutes les patinoires de la Ligue, avec la création de la tournée de hockey des Anciens de Pétro-Canada, avec ses clients dans sa firme d’agents dont les plus célèbres furent Martin Brodeur, Félix Potvin et Roberto Luongo.
Je ne pense pas que je reverrai Gilles avant qu’il nous quitte. Parce qu’il veut consacrer le temps qu’il lui reste à son compteur de vie auprès de ses enfants, de ses petits-enfants. Avec raison. Avec coeur avant tout.
Gilles a eu 67 ans le 20 avril, 67 comme les six pieds sept pouces qu’il mesurait.
Sans jamais nous regarder de haut. Gilles est un gentil géant gentleman que je n’oublierai jamais.
Belle fin de voyage mon ami.
Et tu salueras mes parents, que tu as connus, quand tu arriveras au Pays d’En-Haut.