Le bonheur de l’un fait souvent le malheur de l’autre. Vous connaissez cette vérité de La Palisse.
Pendant que Martin St-Louis réussit depuis six semaines une irrésistible poussée à nous faire chavirer dans le bonheur avec le Canadien (fiche de 12-3-1 à seize derniers matchs, la meilleure de toute la Ligue), Patrick Roy mange son pain noir avec les Islanders de New York, avant-derniers dans la Conférence de l’Est.
Dans ses rêves les plus fous, Roy se voyait finir sa carrière derrière le banc du club qui l’a mis au monde en 1985.
Ses fans le réclamaient sur la toile sportive mais la nouvelle administration du Canadien avec Jeff Gorton, Kent Hughes, sous la bénédiction du propriétaire Geoff Molson, n’a pas bougé d’une oreille et n’a jamais craqué même en novembre quand le club s’en allait droit dans le mur. Leur homme était St-Louis, point final. N’en déplaisent aux amoureux du 33.
Devant cette lubie, c’est Roy qui s’est rendu vulnérable. Il a accepté la seule offre qu’on lui présenta, par amour pour son sport, il y a un an le 20 janvier, soit celle de s’en aller à l’ombre des gratte-ciels de Manhattan à Uniondale pour diriger le club le plus vieillissant de la Ligue; celui dont le dg est lui-même un dinosaure qui se perd dans la nuit des temps avec le hockey actuel, j’ai nommé Big Lou Lamoriello.
Roy a tout essayé : il a joué les durs avec ses joueurs. Il a aussi joué le tendre avec ses fans et avec la presse en leur promettant des jours meilleurs. Mais une picouille n’a jamais gagné le Derby du Kentucky, et il ne le gagnera jamais.
Dans les journaux de la Big Apple, on épargne encore Roy. Tous veulent la tête de Big Lou. Mais même là, ça ne changera rien. Vous avez vu le temps qu’on a mis à Montréal à reconstruire une équipe qui n’a pas gagné de Coupe depuis 1993. Imaginez le temps qu’il faudra pour redresser les Islanders : trois, cinq, sept ans, ou plus encore.
Roy risquera lui aussi de payer la note dans un avenir pas si lointain. Sera-t-il le grand perdant ? Pas cette année, je pense. Mais dans un an, deux tout au plus si aucun électrochoc ne se passe.
Et quand il rentrera un jour à Québec, il regardera presque jalousement le nouveau Canadien d’aujourd’hui avec une véritable identité. Une équipe jeune, avec les nouveaux surdoués qui s’appellent Hutson, Caufield, Suzuki, Demidov, Dobes et Guhle. Avec un coach qui est arrivé de nulle part. Et comme dans le temps de Roy le joueur au Forum, le club de St-Louis règnera pour quelques années au Centre Bell.
Et ça, il ne le confiera jamais, mais ça lui fera un mal fou parce qu’il n’aura pas atterri dans une organisation qui peut lui permettre de gagner un trône dans la Ligue comme coach !
LES ÉCHOS DE SHOWTOM
LE CALDER À LANE ?
– Il aura suffi seulement d’une quarantaine de parties pour que Lane Hutson se fasse une poussière d’étoiles dans la galaxie hockey. D’à peine octobre à janvier, pour qu’il soit comparé à ceux qui ont eu une carrière qui les a fait filer direct au temple de la renommée du hockey. J’ai écrit qu’il me faisait penser à Paul Coffey. Et même à un nouveau Wayne Gretzky à la ligne bleue. D’autres disent que c’est le nouveau Quinn Hughes. Certains appuient même si fort sur le crayon qu’ils affirment que ce sera le meilleur depuis le Big Three. Et pourtant Hutson rougit presque dans son coin de vestiaire. La place, il ne l’occupe toute grande que sur la patinoire. Perso à ce jour, je le mets en avance sur MacLin Celebrini, le premier choix des Sharks de San Jose et sur le l’irréductible Matvei Michkov des Flyers de Philadelphie. Mais humble, Hutson refusera de dire que ce trophée de la meilleure recrue de la Ligue sera le sien à la fin de l’année.
– La route vers le Super Bowl en Nouvelle-Orléans (le 9 février) est panoramique, magique. Patrick Mahomes et Travis Kelce ont encore fait la différence dans une victoire des Chiefs de Kansas City de 23-14 contre les champions défendants, les Texans de Houston, et les Commanders de Washington avec leur pépite recrue quart-arrière, Jayden Daniels, ont causé la première grosse surprise en éliminant les Lions à Detroit 45 à 31. Voir le coach des Lions, Dan Campbell, pleurer à chaudes larmes et prendre le blâme de la défaite, montre bien qu’au-delà des millions que les géants du sport gagnent, il y a des humains fragiles. C’est touchant.
Ça me réconforte avec le sport professionnel.
Les deux finales de Conférence mettront donc aux prises les Bills de Buffalo, victorieux 27-25 sur les Ravens de Baltimore, vs les Chiefs, et les Commanders devant les Eagles de Philadelphie, triomphant 28-22 sur les Rams de Los Angeles.
Deux affiches spectaculaires. Extra chips à mettre sur la liste d’épicerie !