Avant de présenter les travaux de recherche menés par la Florida University pour le dépistage de deux cancers très répandus, rappelons qu’un cancer se définit comme un groupement anarchique de cellules inorganisées, sans réseau nerveux. La tumeur qui se développe n’a aucune sensibilité et n’est en elle-même pas douloureuse. Quand un cancer fait mal, c’est qu’il touche, comprime, et irrite en se développant une partie innervée et sensible du corps humain… et c’est trop tard, car le cancer est là.
Les dépistages, utilisant diverses méthodes telles que les tests sanguins, les tests d’urine, de salive, le l’ADN ou encore l’imagerie médicale sont préventifs. Ils vont permettre un diagnostic précoce du développement éventuel d’une tumeur et faire qu’un traitement soit engagé immédiatement pour limiter sa progression.
Dépistage du cancer du colon précoce
Aujourd’hui, le cancer colorectal n’est plus seulement une maladie des personnes âgées, car selon une étude de l’American College of Surgeons le taux de cancer colorectal précoce devrait doubler d’ici 2030 chez les personnes de moins de 50 ans, avec 10,9 % de tous les cancers du côlon et 22,9 % de tous les cancers du rectum diagnostiqués chez les jeunes adultes.
Les experts tirent la sonnette d’alarme, en particulier le Dr. Daniel Sussman, M.D., MSPH, gastro-entérologue et spécialiste du cancer colorectal au Sylvester Comprehensive Cancer Center et à l’University of Miami Health System.
Dans 10 % des cas, le cancer colorectal et/ou de l’endomètre (utérus) est la conséquence d’une mutation génétique héréditaire, et d’une maladie connue sous le nom de syndrome de Lynch.
On estime qu’aux États-Unis, une personne sur 279 est porteuse du syndrome de Lynch et que les enfants de parents porteurs du gène ont 50 % de chances de l’avoir également. La plupart des personnes atteintes de ce gène héréditaire ne savent pas qu’elles l’ont, et cela ne signifie pas qu’elles vont développer un cancer. Seul un dépistage volontaire peut le révéler et permettre de prendre des mesures préventives.
Dans 90 % des cas, les facteurs liés au mode de vie peuvent être à l’origine des cancers colorectaux. La plupart des chercheurs pensent qu’une grande partie des cancers précoces est liée à l’obésité chez les adolescents et, plus important encore, que l’obésité pourrait être due aux choix alimentaires faits depuis l’enfance. On note également que beaucoup de jeunes hommes atteints d’un cancer du rectum ont des antécédents de tabagisme ou de consommation excessive de fast-foods et d’aliments ultra-transformés comme la charcuterie, les bâtonnets de bœuf, le bacon, les hot-dogs, etc.
La Genetic Predisposition Syndrome Clinic du Sylvester Center offre un service adapté aux patients qui se présentent. Les médecins de la clinique fonctionnent comme un deuxième fournisseur de soins primaires entièrement axés sur la prévention du cancer, que ce soit pour ceux avec des risques héréditaires de cancer colorectal, à qui il est offert des plans de dépistage et de prévention personnalisés, ou pour ceux avec des mutations génétiques connues ou de solides antécédents familiaux à qui des traitements préventifs sont proposés et administrés.
Dans la grande majorité des cas, quand le syndrome de Lynch n’est pas la cause du cancer, une hygiène de vie doit être observée et il faut principalement arrêter de fumer (y compris le vapotage), limiter la consommation d’alcool, maintenir un poids santé, rester actif physiquement. La Dr Sussman recommande également de suivre un régime méditerranéen riche en fibre avec notamment des fruits, des légumes, des légumineuses, des grains entiers, des noix, de l’huile d’olive, des quantités modérées de poisson et de produits laitiers, ainsi qu’un minimum de viande rouge et d’aliments transformés.
Dépistage du cancer du sein
Environ une femme sur huit est porteuse d’un cancer du sein. L’American Cancer Society recommande des mammographies annuelles à partir de 40 ans. L’IRM est généralement recommandée pour les femmes présentant certains facteurs de risque, comme les antécédents familiaux.
Selon une étude publiée dans la revue Biosensors, des chercheurs de l’University of Florida ont amélioré un appareil portable pour détecter le cancer du sein à partir de la salive. Il permet de détecter rapidement et avec précision le cancer du sein, et de distinguer le type en mesurant des biomarqueurs dans des échantillons de salive. Lors d’essais portant sur 29 échantillons de salive de patientes, le biocapteur a, dans 100 % des cas, correctement identifié les patientes atteintes d’un cancer du sein, et dans 86 % des cas les patientes qui n’en avaient pas. L’auteure principale de la publication, Joséphine Esquivel-Upshaw, D.M.D., M.S., M.S.-CI, professeure au UF College of Dentistry et membre du UF Health Cancer Center, précise que la plate-forme du capteur a été réduite pour qu’elle tienne dans la paume de votre main. Sa conception portable permet de dire que c’est une alternative prometteuse pour la détection et le suivi du cancer du sein, en particulier dans les communautés rurales. Esquivel-Upshaw a également travaillé en équipe avec Fan Ren, Ph.D., professeur distingué au département de génie chimique de l’UF, Hsiao-Husuan Wan, étudiant diplômé de l’UF et plusieurs autres du Herbert Wertheim College of Engineering pour construire l’appareil utilisant une carte de circuit imprimé réutilisable et l’aide de bandelettes de test de glucose disponibles dans le commerce. Une bandelette spéciale de test multicanal a, quant à elle, été élaborée en collaboration avec Taidoc à Taïwan, chaque bandelette pouvant tester plusieurs biomarqueurs. Le mini-tableau de synthèse a été développé en collaboration avec Yu-Te Liao, Ph.D., professeur de génie électrique de l’Université nationale Yang Ming Chiao Tung à Taïwan.
Ce nouveau dispositif, comparé au biocapteur à domicile du test Cologuard qui a élargi l’accès au dépistage du cancer colorectal, pourrait améliorer l’accès au dépistage du cancer du sein en diminuant le coût, l’inconfort et la perte de temps. Il est ainsi possible d’envoyer en laboratoire un simple échantillon de salive prélevé à domicile ou, mieux encore, le capteur est envoyé à domicile; il fait alors la mesure et, s’il est positif, permet d’engager des tests supplémentaires.
La réalisation de ce travail a été permis grâce à un financement de l’Institut national de recherche dentaire et crâniofaciale, qui fait partie des National Institutes of Health, et de l’UF College of Dentistry.
Sources : https://news.umiamihealth.org – https://dental.ufl.edu – www.wikipedia.org








