Ce n’est un secret pour personne, les récifs coralliens de la Floride et dans le monde sont en danger, situation due à la surexploitation des ressources naturelles et au développement industriel provoquant un réchauffement des eaux et l’augmentation dramatique de son acidité. Deux causes majeures de la destruction des récifs coralliens desquelles s’ajoutent les effets du stress anthropique d’origine humaine. Le tout provoquant généralement des perturbations et des dommages avec la perte de manière temporaire ou permanente d’un ou de plusieurs composants des écosystèmes.
Un récif corallien c’est quoi ?
En termes simples, précisons tout d’abord qu’un récif corallien est un écosystème animal sous-marin vivant dont le fonctionnement vital est relativement simple. Lors de la période de reproduction, les coraux déjà existants vont produire des œufs qui deviendront des larves ciliées et nageuses. Elles vont se disperser aux grès des courants marins et se fixer à des supports naturels sur lesquels elles vont se métamorphoser en un polype. Ce polype a une ouverture buccale entourée de petits tentacules, avec des cellules urticantes utilisées pour capturer, immobiliser et tuer de petites proies comme le plancton. Il va lors de sa croissance édifier son squelette externe à base de carbonate de calcium, d’où son qualificatif de corail dur ou pierreux. Dans le temps, toutes les colonies de polypes coralliens vont se coller les unes aux autres et formeront progressivement une masse continue connue sous le nom de récif corallien en surface ou en profondeur. Les coraux peuvent former d’énormes colonies et créer des récifs qui longent plus de 150 000 kilomètres de côtes dans plus de 100 pays et territoires. Alors qu’ils occupent moins de 0,2 % des fonds marins, les scientifiques estiment qu’ils abritent 25 % de la biodiversité marine, ce qui représenterait jusqu’à deux millions d’espèces marines.
Une possible « restauration naturelle » ?
Depuis plus d’un demi-siècle, sont menées ici et là des recherches et des études sur le sujet. Tout d’abord dans l’océan Pacifique en Nouvelle-Calédonie et Polynésie française (1957, Aquarium des lagons, Nouméa) ainsi qu’en Australie, où il a été mis en évidence qu’il existait des sanctuaires naturels dans lesquels les coraux résistaient positivement à la pollution des temps modernes. La Floride de son côté n’est pas en reste en ce qui concerne les études sur ce sujet. Ainsi, il a été noté que depuis les années 1970, les récifs coralliens du sanctuaire marin national des Florida Keys (FKNMS) ont connu un déclin catastrophique au niveau de sa couverture corallienne, avec pour la période comprise entre 1998 et 2011 une réduction allant jusqu’à 50 %.
La Florida Atlantic University (FAU), sous la direction de Joshua Voss, Ph.D., auteur principal, chercheur principal de l’étude et professeur de recherche associé à FAU Harbor Branch, avec la collaboration de certains membres de son laboratoire co-auteurs de l’étude; Alexis Sturm, Ph.D.; Ashley Carreiro, directrice du laboratoire de recherche; et Allison Klein, candidate au doctorat; mènent actuellement des recherches dans deux domaines.
Les récifs coralliens mésophotiques
Ils sont situés dans une zone juste en dessous de la surface de l’eau allant jusqu’à 10 mètres de profondeur et sont moyennement éclairés. Ce qui n’est pas le cas pour les zones situées dans des profondeurs atteignant 150 mètres où l’éclairage solaire est souvent inexistant.
Au cours des décennies passées, ces récifs coralliens mésophotiques de la FKNMS, ayant été protégés des dérangements anthropiques (toutes les perturbations générées par la présence humaine, les objets ou les bruits provoquant un stress chez l’animal), les chercheurs ont noté qu’ils présentent moins de dommages et « blanchissement » de sorte qu’actuellement, ils pourraient servir de refuges pour les espèces coralliennes des profondeurs, fournissant des larves viables aux récifs peu profonds, devenant des zones de diversité génétique.
Le « blushing star coral » (Stephanocoenia intersepta)
Ce type de corail comprend une large gamme de variétés, à la fois en profondeur et en lieux géographiques, ce qui en fait une excellente espèce pour étudier son développement et déterminer comment des populations aussi différentes peuvent être liées ou « connectées » les unes aux autres et permettre dans le temps une restauration naturelle du récif corallien des Keys.
Une possible « restauration artificielle » ?
Dans un avenir plus ou moins lointain, les larves de « blushing star coral » pourraient être collectées pour la création d’une « banque de graines » ou conservées dans des « pépinières terrestres » pour mener des programmes de restauration en cours ou futurs. Et en attendant que tout le monde ralentisse le rythme effréné de la production et de la consommation humaine, qui pollue la planète, il y a peut-être d’autres solutions très concrètes comme la reproduction naturelle, avec des impacts observables rapidement : tels que la culture et la transplantation de coraux.
La culture des coraux
Appelée aussi aquaculture du corail, coralliculture, ou jardinage de corail, il est notoire que la première culture de coraux aurait été organisée à l’aquarium des lagons de Nouméa, en 1956, dans le but de restaurer des récifs coralliens locaux par réimplantation dans le milieu naturel.
Aujourd’hui, deux techniques aquacoles sont utilisées à des fin commerciales : la mariculture (élevage en masse de nombreux pieds dans un lagon) et la culture hors-sol (dans des cuves en circuit fermé).
La transplantation des coraux
Le principe est simple, il suffit de collecter et d’utiliser des fragments de coraux retrouvés cassés dans les eaux, mais encore vivants, et de les transplanter sur des structures solides placées à des endroits favorables pour leur croissance.
Idéalement, directement dans le même milieu naturel, là où les fragments ont été prélevés. Une fois transplantés, les coraux vont pouvoir se développer et faire revenir la biodiversité au sein du récif.
Sources : https://www.fau.edu/