« Pour comprendre la dynamique, il faut remonter à la constitution américaine »
Gilles Vandal, historien.
Professeur émérite d’histoire américaine à l’Université de Sherbrooke au Québec, monsieur Gilles Vandal a accepté l’invitation du Soleil de la Floride à participer à une série de balados et chroniques concernant la politique américaine, avec un intérêt particulier envers l’État de Floride.
Le parcours académique et professionnel de monsieur Vandal constitue une contribution majeure et a même eu des retombées concrètes aux États-Unis ! Pour en savoir davantage à son propos : https://lesoleildelafloride.com/category/balados/poli-politico/
Un peu d’histoire
Monsieur Vandal signale que la constitution américaine représente « les bases de la première démocratie ». Les Pères fondateurs avaient décidé que « la Chambre des représentants était pour représenter le peuple américain et que cela devait se faire de manière proportionnelle à la population de chacun des États. Et c’est pour cela qu’il a été institué dans la constitution l’obligation de tenir un référendum à tous les dix ans. Alors, quand il y avait une modification de la population, cela entraînait un « brassage de cartes » et on redonnait proportionnellement des sièges de plus ou de moins à chacun des États », précise l’historien.
Mais en 1910, en raison de l’augmentation de la population américaine, monsieur Vandal signale que le nombre de représentants à la Chambre a été limité à 435, ce qui a apporté une nouvelle dynamique : lorsqu’il y a un nouveau recensement, le nombre de représentants de chaque État change en raison de l’augmentation ou de la diminution de sa population, et non pas du nombre d’électeurs.
Durant le temps de l’esclavage, les noirs n’avaient pas le droit de voter. Mais comme le nombre de représentants à Washington, attribué à chaque État, se basait sur le nombre d’habitants, un arrangement nommé le « compromis 3/5e » a été mis en place pour représenter les États esclavagistes. Cela signifiait qu’il fallait 50 000 résidents noirs pour équivaloir à un décompte de 30 000 habitants blancs. Chaque tranche de 30 000 habitants donnait un représentant de plus à la Chambre.
« Avec le recensement de 2020, la Floride et New York avaient le même nombre de représentants, soit 27. Or New York en perdra un en raison de sa baisse de population tandis que la Floride obtiendra un siège de plus, soit 28, parce que sa population a augmenté », explique monsieur Vandal. « Il y a donc un déplacement démographique qui amène aussi un déplacement politique ».
Redécoupage
Aux États-Unis, chaque État décide du découpage de sa carte électorale et dès 1810, on assiste à un phénomène appelé gerrymandering, c’est-à-dire le fait de manipuler les limites d’une circonscription électorale afin de favoriser un parti. Monsieur Vandal précise qu’en Floride, en 2018, les partisans en faveur des républicains étaient 52 % contre 48 % pour les démocrates et les représentants à la Chambre étaient répartis de façon plus égalitaire avec 14 républicains et 13 démocrates. Mais en 2020, les républicains ont acquis 16 sièges contre 11 pour les démocrates, avec le même pourcentage de partisans (52 %-R et 48 %-D). « Or la nouvelle carte électorale proposée par les républicains a été contestée devant les tribunaux parce qu’en se basant sur les votes de 2020, les républicains obtiendraient 20 représentants et les démocrates que 8 », ajoute-t-il, toujours avec le même pourcentage (52 %-R et 48 %-D).
Liens
Pour écouter l’entrevue complète avec monsieur Vandal :
https://lesoleildelafloride.com/category/balados/poli-politico/
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Gilles Vandal est un auteur dont les livres sont en vente sur Amazon.