Il faudra peut-être repenser l’emblème de la Floride puisque l’industrie des agrumes est en déclin depuis plusieurs décennies.
Les prévisions du département américain de l’Agriculture (USDA) font état d’une autre importante baisse de production d’oranges dans le Sunshine State pour l’année en cours avec seulement 12 millions de caisses. Cela représente moins de 5 % des 242 millions de caisses produites en 2004. Pendant ces deux décennies, la superficie en production a chuté de 47 %, passant de 602 000 acres à 317 000. Le rendement par acre a diminué de 67 %, passant de 34 800 livres à 11 600 livres.
Entre les années 1960 et 1980, les États-Unis étaient le premier producteur mondial d’oranges avec 20 % de la production dans le monde. C’est aujourd’hui le Brésil qui a pris la place avec 378 millions de caisses qui devraient être produites cette année.
La situation a commencé à changer avec le gel de 1983, quand 300 000 acres d’orangers et de pamplemoussiers matures et chargés de fruits ont péri en une seule nuit. Quelques années plus tard, en 2005, une maladie bactérienne mortelle des agrumes n’a cessé de mettre à mal la production de ces fruits dans le Sunshine State. Connue sous le nom de Huanglongbing (HLB), cette bactérie s’est installée dans le cœur agricole de la Floride et elle est responsable du verdissement des agrumes.
Propagée par un petit insecte volant appelé psylle, cette bactérie détruit les fruits, les rendant amers et invendables, et finit par tuer l’arbre. Elle s’est répandue dans tous les comtés de l’État en trois ou quatre ans seulement. La bactérie responsable du verdissement est difficile à traiter car elle se développe dans le système vasculaire de l’arbre et perturbe le flux de nutriments dont l’arbre a besoin pour vivre.
Malcolm Manners, professeur en science des agrumes au Florida Southern College, fait remarquer que le verdissement est devenu un problème important dans les pays producteurs d’agrumes qui ont comblé le déficit de Floride, en particulier le Brésil, où 38 % des arbres de sa production d’agrumes ont montré des symptômes de HLB l’année dernière.
Des travaux sont en cours pour produire des arbres modifiés génétiquement. Ces derniers ne sont pas encore sur le marché et quand ils le seront, il faudra attendre deux à trois ans pour les reproduire en pépinière, et ensuite trois à quatre ans pour la production de fruits. Ces délais sont difficiles à supporter pour les producteurs.
Une suite de dérèglements climatiques a également aggravé la situation déjà très difficile : l’ouragan Irma en 2017, Ian en 2022, etc.
Selon Florida Citrus Mutual, un regroupement représentant environ 2 000 producteurs, près de 70 % des plantations les plus productives ont été ravagées par l’ouragan Milton l’automne dernier. Cela a mis fin aux espoirs nourris tout l’été de faire une meilleure récolte.
La maladie du verdissement des agrumes, pour laquelle aucun traitement n’a été trouvé, ainsi que les ouragans, sont les deux principales causes de cette crise en Floride.
Cette situation nous rappelle, encore une fois, l’interaction complexe entre l’environnement et l’économie.