Les Everglades sont un des écosystèmes les plus importants des États-Unis, fournissant de l’eau potable à près d’un tiers de Floridiens. L’État est déterminé à construire un réservoir gigantesque au sud du lac Okeechobee, afin de sécuriser l’accès à l’eau potable pour la Floride du Sud.
Le plus important projet environnemental du monde
L’eau potable actuelle provient principalement de stocks souterrains aquifères, eux-mêmes alimentés par les Everglades. L’augmentation rapide de la population en Floride et l’augmentation du niveau des eaux et des inondations rendent urgente la restauration de tout l’écosystème des Everglades. La Fondation Everglades a déclaré à Lucy Sherriff pour la BBC, dans un article du 16 août 2024, que ce projet était le plus grand au monde actuellement. Il se décompose en 68 projets d’infrastructures individuels interconnectés.
La construction d’un nouveau réservoir, clé de voute de la restauration et prouesse technologique
Situé sur un territoire plus vaste que les îles de Manhattan et Staten Island combinées, un nouveau réservoir d’eau potable s’étalera sur plus de 10 100 acres. Avec un coût estimé à 2,78 milliards de dollars, il sera capable de stocker plus de 295 milliards de litres d’eau (7,8 milliards de gallons), assez pour remplir 118 000 piscines olympiques. Un mur de remblai de 11 mètres de haut l’encerclera. Un autre réservoir pour le traitement des eaux de pluie et tempêtes de 6 500 acres est également prévu.
La lutte contre les algues toxiques
Autre priorité du projet pharaonique de restauration des Everglades : la lutte contre la prolifération des algues, qui pullulent avec la hausse des températures et de la pollution. Les décharges d’eaux contaminées dans l’océan Atlantique ou dans le Golfe du Mexique ont déjà causé des fermetures de plages et la mort en masse de poissons.
Ce n’est pas l’argent qui manque
Le plan de restauration complet des Everglades a été voté par le Congrès floridien en 2020, et est financé par l’État de Floride avec l’aide du gouvernement fédéral. Les fonds ne manquent pas devant l’urgence de la situation : un total de 23 milliards de dollars sur plusieurs années est budgété. Mais le projet, géré conjointement par les U.S. Army Corps of Engineers et le district de South Florida Water Management, prend du retard.
La complexité de la situation
Jennifer Reynolds, directrice du district pour la rénovation et ex-directrice adjointe des Army Corps, a déclaré à Jenny Staletovich, pour WLRN le 8 novembre 2024, que le réservoir ne pourrait pas être finalisé et opérationnel avant 2034, soit quatre ans de plus que ce qui était annoncé l’année dernière : « On ne peut tout simplement pas creuser la terre plus vite », déclare-t-elle.
Par ailleurs, en dehors du gigantesque réservoir, des urgences liées à la pollution ont forcé les ingénieurs à se concentrer sur l’estuaire de St. Lucie et la rivière Caloosahatchee : la construction en urgence de réservoirs souterrains pour y stocker les eaux polluées a été nécessaire face aux invasions massives d’algues.
L’inquiétude de la population
Mais ce n’est pas la seule explication aux retards des travaux particulièrement criants dans le Sud de la Floride. Comme le souligne Eva Velez, directrice Écosystèmes pour les Army Corps, les travaux dans la Baie de Biscayne rencontrent des difficultés techniques : la zone de Miami-Dade est densément peuplée et le terrain est très particulier. Les Army Corps ont décidé qu’ils devaient faire des études supplémentaires avant de soumettre leurs plans exacts au Congrès floridien pour avancer.
Comme le résume Jennifer Reynolds : « Avant, c’était simple, ce n’était qu’une question d’argent. Mais nous n’en sommes plus là. Aujourd’hui, nous devons réfléchir à tous les éléments qui doivent se mettre en place avant de pouvoir mettre un bulldozer sur le terrain. »